Bien que ce soit souvent vécu par celles et ceux qui la vivent comme étant la fin du Monde, l’expérience du deuil est la plus universelle et la plus banale qui soit.
Certes il y a des deuils plus doux que d’autres, plus prévisibles aussi, mais dans tous les cas de figure, il y a la perte, la séparation “obligée” d’une relation proche ou moins proche.
Médicaliser le deuil c’est oublier que chacune, chacun, à sa façon, a les ressources nécessaires pour traverser cette épreuve, à condition que l’entourage accueille sans aucun point de vue, les différents états d’âme, et que les “spécialistes” ne s’accaparent pas de ce processus (qui permet de maturer et de grandir à soi même), par des explications stéréotypées, parfois paternalistes, et par des affirmations sans nuances qui amènent à classifier, voire induire les étapes considérées « normales » du deuil.
Il me reste en mémoire cette expérience qui m’avait choquée, lors d’un congrès où j’étais invitée à la fois comme témoin et comme psy… Suite à mon partage concernant le deuil de mes enfants et de mon chemin de résilience, certains psychiatres plus ou moins autoproclamés spécialistes du sujet, avaient totalement occulté mes propos pour affirmer et conclure d’un ton solennel «On ne se remet jamais d’un deuil d’enfants»!!
Alors que je venais de dire l’inverse à travers le partage de mon expérience!!
J’étais restée muette tant j’étais sidérée!! mes mots n’avaient donc aucune valeur face à leurs croyances fixes! Celles de “Ceux qui savent”!!!!
Aujourd’hui encore ce discours existe. Alors même que des mamans dont je fais partie, témoignent de la transformation de leur douleur à travers ce chemin initiatique, emprunté malgré elles que représente la traversée du deuil, on entend régulièrement et c’est souvent largement relayé “que la douleur sera toujours présente… qu’elle reviendra par récurrence!! Qu’elle sera toujours là” !!
Quelle affirmation !! quelle injonction !!
Alors que ce soit clair!! oui sans doute, pour certaines personnes, ça peut se passer ainsi et j’ajouterai, surtout si on leur induit que ça se passera comme cela!!
Mais n’oublions pas que pour de nombreuses autres personnes, l’expérience est totalement différente! Mais combien vont oser le dire !!!
Certes le début de la perte, notamment d’un enfant, est une expérience d’une douleur indicible, impitoyable, qui peut nous terrasser et nous plonger dans le désespoir total ! et je le sais pour l’avoir vécu.
Mais jour après jour, pas après pas, il se révèle des possibilités insoupçonnées, qui, pour certaines personnes, comme je l’ai vécu moi même, sont de l’ordre d’une initiation.
Et ceci n’a rien à voir avec une fuite des émotions. Au contraire, le tsunami des émotions accueilli sans possibilité d’y résister, semble balayer le mental, qui à bout de résistance, va laisser la place à l’indicible! Ce vécu, nombreuses sont celles qui me l’ont confié sachant que je pouvais l’accueillir sans en douter ni en le « psychanalysant »
Alors que rien ne les y prédisposait, l’épreuve insoutenable, les a poussé à leur insu à accueillir des synchronicités qui les ont amené à parcourir, un chemin spirituel, improbable au départ qui leur a révélé la préciosité de la vie.
Un chemin difficilement explicable avec des mots mais qui les ont transformées jusqu’au plus profond de leurs cellules !!
Il est évident que ces personnes ne seront plus jamais les même et bien que ce soit souvent pour le meilleur, elle risquent d’être totalement incomprises de leur entourage qui ne les reconnait plus.
Ces personnes parlent d’un changement vibratoire qu’elles n’étiquettent pas de guérison mais leur a permis naturellement de transmuter l’expérience en Conscience!
C’est un chemin que l’on peut nommer spirituel même si le vécu est au-delà de tout dogme et touche des personnes, comme moi, qui n’avaient aucune foi avant de le vivre.
Rien à voir avec croire, mais avec Être !
Mourir à soi et nos attachements pour renaître à un aspect plus lumineux, moins identifié à la personne.
A travers mon accompagnement de psychothérapeute en gestalt et analyse jungienne, J’ai accompagné de nombreux parents, surtout des mamans, qui avaient vécu le deuil d’enfants.
J’ai été touchée de constater que s’il est vrai que certains parents étaient très affectés, en colère et dévastés, d’autres, témoignaient qu’ensuite s’opérait une transformation intérieure, dont je parle plus haut.
Et certaines venaient consulter car elles avaient remarqué que si elles évoquaient cela, elle étaient jugées et avaient peur d’être prises pour folles ou mal aimantes.
Comme si il fallait vivre cette souffrance pour toujours, afin d’être dans la «normalité»!
Il est plus que nécessaire de rappeler que ne plus souffrir ne signifie pas «oublier».
Bien au contraire. Aller au-delà de la souffrance du manque, permet d’aimer encore plus profondément ceux qui nous ont quitté.
J’ai déjà écrit à ce sujet dans mon livre “Apprivoiser le pardon” de mon propre processus de résilience.
Mais aujourd’hui j’aimerais donner la parole à celles et ceux qui se reconnaissent dans cette traversée pour laquelle ils peuvent dire maintenant. «Il n’y a pas de fin au deuil, mais il y a une transformation» qui m’a donné plus de joie et de sens à être vivant.
Si vous vous sentez concerné et connaissez des personnes concernées, merci d’envoyer un mail à
pour que nous puissions en parler et voir quelle suite donner.
Dans Objet merci d’indiquer: “témoignage deuil.”
Et si votre expérience pouvait devenir un tremplin vers de nouveaux possibles, pour celles et ceux à qui on a répété cette sentence «même si ça s’atténue il y aura toujours la souffrance».
Nous ne devons jamais douter combien les mots créent et ces mots ci-dessus sont des conclusions et affirmations qui peuvent fermer la porte à d’autres possibilités.
Ouvrons l’espace aux témoignages qui montrent que d’autres chemins possibles, même s’il n’y a pas de recettes. Si certains témoignent avoir transformé la souffrance en vivance, c’est donc que c’est possible ! Comment ? En osant vivre et en laissant le flux de la vie nous guider.
Et si nos relations avec nos personnes chéries devenaient communion au-delà du visible.
Parlons en GRATITUDE
Meena GOLL